Le Monde du Yoga

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Cerveau droit – cerveau gauche

par Andrée Maman | Publié le 07 février 2004

Les hémisphères droit et gauche du cerveau humain commandent respectivement les parties gauche et droite du corps. Leur coordination est nécessaire pour que l’homme ait une bonne appréhension du monde. Et leur équilibre doit être recherché pour qu’il ait une bonne santé psychique. Les postures asymétriques du yoga facilitent cette harmonisation.

[…]

La latéralisation serait une caractéristique spécifique de l’être humain. Ce n’est qu’à ce stade évolutif que l’on constate une nette majorité de droitiers et une préférence pour l’utilisation de tel membre supérieur par rapport à l’autre et ceci, quelles que soient la race et la culture. Peut-être est-ce dû à la verticalisation de l’espèce, qui a permis une plus grande autonomie des membres supérieurs dans un premier temps, puis, secondairement, une finesse de mouvements de plus en plus grande qui se serait développée au fil du temps. On a pu constater chez l’homme et chez les Primates supérieurs que la latéralisation est d’autant plus marquée que l’habileté nécessaire à un acte précis est plus grande et que les mouvements indépendants de la position du corps sont commandés par les circuits corticaux moteurs du cerveau.

Chez l’homme, la latéralisation a évolué en même temps que sa dextérité digitale et sa capacité à fabriquer et utiliser des outils. On pense qu’elle est apparue au début de l’âge de pierre, et l’on a pu observer que certains outils avaient été fabriqués par des droitiers, pour être utilisés avec une main droite.
A l’époque historique, on connaissait déjà bien la latéralisation à droite, suffisamment pour constater la minorité des gauchers. […]

Cette latéralisation droite privilégiée est un sujet intéressant pour la neurologie et la psychologie car elle peut être rapprochée du développement de la spécialisation des hémisphères du cerveau. La réalité de cette asymétrie étant avérée, avant d’explorer les différentes fonctions des deux hémisphères cérébraux, quelques rappels du fonctionnement général du système nerveux seront utiles. […]

Pour résumer l’ensemble des expérimentations faites (et pour lesquelles nous renvoyons à des ouvrages plus spécialisés), on pourrait dire que:

• le cerveau gauche cortical
– adopte une pensée rationnelle, analytique
– préfère le raisonnement logique, le calcul
– est capable d’élaborer des théories, d’établir des schémas
Il est donc méthodique, observateur et il va pouvoir progresser méthodiquement vers une solution.

• le cerveau droit cortical
– a le sens de la découverte, de l’imprévu
– il a une vision plus globale d’une situation, ce qui lui permet d’élaborer des concepts
– il est plus intuitif – en musique, il saisira davantage le timbre et la mélodie
– il ne verbalise pas, mais « voit » davantage les choses

•le cerveau droit limbique
– va donc comprendre davantage les émotions
– il sera plus à son aise dans une recherche d’harmonie et d’écoute
– il vivra aussi davantage l’instantanéité que le cerveau gauche

Ces distinctions tranchées sont bien sûr un peu caricaturales et il est rare qu’un individu ne présente que les seules caractéristiques de l’un ou de l’autre hémisphère. Néanmoins, des tendances prédominantes peuvent exister, permettant de définir tel individu, ou de savoir ce qui nous intéresse plus particulièrement et de mieux comprendre pourquoi on est plus ou moins attiré par tel sujet ou telle façon de résoudre un problème. Les différences de comportements et de réactions affectives s’expliquent en partie par la prédominance de l’un ou l’autre hémisphère.
C’est grâce à l’intégration chez chacun d’entre nous des données des deux hémisphères cérébraux que peut être la conscience de soi. Pour Sperry, c’est cette faculté d’intégration qui permet l’émergence d’une entité supérieure en qualité et en quantité à la somme de ses deux parties.
Il est évident que c’est l’apparition du langage, grâce au cerveau gauche, qui a permis la communication entre les êtres vivants, l’échange d’idées et d’hypothèses, la mise en place d’un savoir qui a fait progresser l’humanité; et ceci implique une pensée logique, rationnelle, bien construite, analytique. Mais il est aussi vrai que le développement de l’hémisphère droit avec ses caractéristiques moins rationnelles, plus intuitives, globales et synthétiques, plus émotionnelles aussi, a permis d’enrichir les connaissances en débouchant sur l’imaginaire, l’anticipation, l’imagination, donc l’art, la métaphore, la culture, la spiritualité. […]

Rappelons que l’hémisphère gauche du cerveau commande la partie droite du corps et vice–versa. Sur un plan pratique moteur, on peut constater la dominance de l’hémisphère gauche chez les humains qui sont en très grande majorité droitiers – il y a seulement 7 à 8 % de vrais gauchers et une proportion non négligeable de gens ambidextres, qui sauraient et pourraient facilement se servir de leurs deux mains, si l’éducation depuis le plus jeune âge n’orientait pas l’apprentissage vers l’usage quasi-exclusif de la main droite.
Étant donné, nous l’avons vu, la plasticité du cerveau et la possibilité de compensation, ne serait-il pas souhaitable d’exercer très tôt les deux mains, afin de créer des circuits réflexes dans les deux hémisphères cérébraux et rendre ainsi leur fonctionnement plus harmonieux ?
En yoga, la pratique de postures asymétriques qui nous intéressent ici au premier chef, a un double intérêt:
– Elles permettent en un premier temps d’observer certaines raideurs du corps, des déviations de la colonne vertébrale, et aussi la mise en jeu inconsciente de compensations chez le pratiquant qui n’est pas encore prêt à faire certaines postures et qui s’accommode de ses insuffisances en certaines parties du corps en en surmenant d’autres. La répétition dans le temps de telles erreurs aboutira à la longue à des micro-traumatismes dans les zones de compensation plus souples et à des lésions musculaires, articulaires ou discales, qui, un jour ou l’autre, se déclareront pour une raison minime. Observer ces anomalies permet de trouver le moyen de les éviter et de protéger ainsi les structures anatomiques.
– Elles permettent aussi, après avoir observé d’éventuelles anomalies de statique, sinon de les supprimer radicalement, tout au moins d’éviter qu’elles ne s’accentuent et ceci en faisant pratiquer davantage du côté le moins souple, donc le moins mobile. […]

Revue Française de Yoga, n°14, « Postures de flexion latérale », juillet 1996, pp. 13-26.

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