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Conscience-Energie dans les postures en rotation

par Rémy Chaloin | Publié le 08 août 2005

Les torsions au niveau de la colonne vertébrale exigent une préparation physique vigilante, prélude à un travail sur la polarité respiratoire. La circulation des deux nadî qui véhiculent l’énergie vitale est accompagnée par l’action du regard intérieur.

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1 – GENERALITES

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1.1 – ASPECT PHYSIQUE

C’est essentiellement au niveau de la colonne vertébrale que s’effectuent les torsions, telles qu’on les entend dans la pratique courante. On assiste à des rotations suivant des angles variables, intéressant différents segments de la colonne vertébrale. De ce fait, une attitude consciente est exigée, afin de localiser les lieux où s’appliquent les forces de torsion, en vue d’éviter toute maladresse. En effet, l’absence de contrôle entraîne des contraintes insupportables et même dommageables pour certains segments vertébraux. Sont particulièrement visées les deux zones cervico-dorsale et dorso-lombaire. De plus, pour satisfaire aux exigences de la mécanique appliquée à l’anatomie, toute tentative de rotation du tronc doit s’accompagner d’un redressement de la colonne. Effectuer la torsion d’un matériau en arc de cercle revient à accentuer sa courbure. La colonne vertébrale, tissu vivant, obéit à cette loi.

En outre, le bassin reste particulièrement impliqué dans toute posture de torsion comme base d’appui dans les départs assis et, dans la plupart des cas, comme point fixe à partir duquel s’organise la rotation du rachis. Une pratique convenable devrait prendre en compte une préparation libérant les tensions localisées dans cette région.

Espace entre bassin et thorax : la taille, partie molle, si l’on n’y prend garde, tend à se tasser sur elle-même. Elle doit donc faire l’objet d’une attention particulière lors de la prise de posture, afin de conserver un positionnement correct au niveau lombaire. Cette région joue en effet un rôle énergétique important, comme nous le verrons plus loin.

1.2 – ASPECT ENERGETIQUE

Tout changement d’attitude par rapport à la symétrie modifie les échanges énergétiques à l’intérieur du corps. La dissymétrie d’une posture favorise une ouverture ou bien une fermeture de chaque hémithorax, influençant ainsi la polarité respiratoire au niveau des narines, et modifie également la circulation dite « méridienne ». Si ces phénomènes passent inaperçus dans la vie courante, la pratique du yoga mobilise l’attention particulièrement au niveau des narines, suivant le principe universel « qui place la circulation d’Energie sous le contrôle de l’activité consciente ».

En ce qui concerne le mode respiratoire dans la posture, deux attitudes différentes peuvent être envisagées:

– l’attitude réceptive : dans une attitude de « témoin », on s’efforce d’observer l’incidence de la posture ou de l’exercice effectué sur le passage du souffle dans les narines, ceci sans chercher à modifier le résultat. La polarité constatée résulte alors de la posture elle-même… et de notre état de réceptivité.

– l’attitude directive : dans ce cas, nous mettons en jeu notre qualité d’attention pour entretenir une polarité respiratoire qui, à son tour, devrait favoriser l’attitude posturale. Il est possible, suivant le type de posture et le degré d’entraînement, de pratiquer la respiration alternée par le seul déplacement de la conscience d’une narine à l’autre, ou bien une respiration polarisée unidirectionnelle.

En outre, suivant les canons de l’énergétique orientale, la respiration ainsi modifiée est un épiphénomène de la circulation d’Energie, telle qu’elle est modifiée par la posture. Cette circulation sera favorisée par l’action du regard intérieur se déplaçant sur ces trajets, en liaison avec le contrôle du souffle, réalisant, suivant le cas, une tonification ou une détente neuro-musculaire.

L’importance de la conscience au niveau de la taille, qui contribue à conserver une attitude correcte, trouve également son écho sur le plan énergétique. En effet, la taille est enserrée par le vaisseau ceinture dai mai. Ce vaisseau encercle tous les méridiens comme « l’attache d’un fagot », avec l’incidence sur les énergies d’organes : rein, vésicule biliaire et estomac. « Elle influence le dynamisme du diaphragme lié à l’ajustement entre énergie et sang », selon le Docteur Yves Réquena.

D’autre part, pour la tradition indienne, la torsion va impliquer les deux nâdî, idâ et pingalâ, s’enroulant autour de la colonne vertébrale – du périnée jusqu’au sommet du crâne pour ressortir par chaque narine. Ces deux nâdî, de polarité opposée : idâ symboliquement lunaire et pingalâ solaire, véhiculent les courants d’énergie vitale.

Enfin, quelle que soit la référence théorique sur laquelle se base notre pratique, nous devons garder à l’esprit que le corps physique est le lieu de la transformation de l’être sur le chemin de l’évolution et la respiration consciente, son moteur. Suivant ce point de vue, toute pratique sincère et persévérante portera ses fruits.

2 – PRATIQUE

Nous nous limiterons à quelques postures simples n’engageant pas d’attitude composite de torsion-flexion ou de flexion-torsion, de façon à disposer de toute l’attention pour cerner les critères propres à la seule rotation.

Le programme suivant sera développé:

– En station debout, deux postures:
Posture de rotation complète.
Posture de rotation au-dessus de la taille.
Compensation en station debout.

– Allongé:
Torsion lombaire.
Torsion du crocodile.
Jathara, torsion de l’estomac.
Compensation : apâna statique.

– Assis
Rotation simple en spirale.
Mareechyâsana.
Mouvement de rotation autour de l’axe vertébral, intéressant la circulation d’énergie dans les deux nâdî, idâ et pingalâ.
Ardha matsyendrâsana, version favorisant une progression dans la posture et la polarité respiratoire.
Enchaînement incluant : la préparation, la pratique d’une posture de rotation et ses compensations, physique et énergétique.

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Revue Française de Yoga, n° 8, « Postures de rotation », juillet 1993, pp. 11-30

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