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La mémoire

Publié le 26 avril 2005

La mémoire est composée d’une base donnée à tout ce qui se trouve dans le cosmos et donc à chaque être humain permettant la sauvegarde automatique des caractères acquis et leur enrichissement constant, et d’une faculté de mémorisation propre à chacun qui construit et révèle sa personnalité.

« Il est vrai qu’il existe peu d’actes humains qui ne soient, de près ou de loin, le résultat du jeu de cette merveilleuse faculté. « L’homme ne serait pas ce qu’il est si la mémoire n’existait pas », a-t-on pu soutenir à juste titre. Effectivement, grâce à elle, ce dernier découvre sa propre continuité, se reconnaissant comme étant une unité évolutive liée au temps et à l’espace par l’intermédiaire d’une infinité d’évocations de tous ordres. Celles-ci lui confèrent le sentiment d’être tout à la fois l’exécutant et l’objet d’une dynamique plus ou moins active lui rendant compte de son cursus existentiel. »

I. LES MULTIPLES FACETTES DE LA MÉMOIRE

Mémoire et mémoires

« Dans son ouvrage Le mystère de la mémoire, Ellenberger précise que « l’une des difficultés de l’étude de la mémoire, et non des moindres, est dans la limitation du sujet ». »

« D’emblée donc, nous postulons que le Cosmos est « mémoire ». C’est dire par là que nous considérons que tout est entièrement « mémoire », autrement dit, – conséquence directe de cette affirmation, – que le Cosmos lui-même ne serait pas non plus ce qu’il est si une mémoire intrinsèque, originellement intégrée, ne lui permettait pas de franchir, sur des acquis antérieurs, les étapes successives de son évolution. Chacune d’entre elles est réalisée parce qu’une structure a été mise en place, succèdant elle-même à une organisation déjà élaborée suivant un programme qui se déroule de stade en stade depuis le commencement des temps. »

L’Instinct

« L’instinct mérite une mention particulière dans l’étude de la mémoire, car il représente la plus archaïque et assurément la plus ancrée des engrammations. Représentant la plus tenace des acquisitions et échappant à l’usure du temps, il est le plus persistant au niveau des espèces. Il s’inscrit sans conteste au-delà de tout apprentissage, étant engrangé dès le départ au sein du capital génétique de chaque variété vivante. Ces mécanismes intégrés depuis des temps immémoriaux sont souvent si typiques qu’ils caractérisent à eux seuls le groupe auquel ils appartiennent. »

« Sur ces éléments de base, fondamentaux, constitutionnels, tout ce qui s’adjoindra par la suite peut être groupé sous le couvert de diverses adaptations constituant ce qu’il est convenu d’appeler « mémorisation ». Autrement dit, sous ce terme sera désigné tout ce qui n’est pas contenu dans l’organisation spécifique initiale de l’espèce. »

« Il y a donc « la mémoire », celle que nous venons de définir et qui appartient à l’espèce puis, à ses côtés, une série de mémorisations qui se greffent sur le système nerveux grâce à la particulière plasticité de celui-ci. »

Mémoire et apprentissages

« L’intelligence à proprement parler reconnaît d’autres processus, et il n’est pas rare de rencontrer des sujets munis de mémoires phénoménales – de mémorisations en fait – et qui sont cependant dépourvus d’intelligence. Engrammer est une chose et user du capital emmagasiné en est une autre. Un grand savoir ne sert à rien s’il n’engendre pas une dynamique créative, elle-même suscitée par la faculté de jongler avec les rapports existant entre chacun des éléments recueillis au cours des acquisitions. »

Mémoire et souvenirs

« Pour considérables qu’elles soient, les capacités de mémorisation ne sont cependant pas infinies. Il est indéniable que la profusion de souvenirs, de mémorisations donc, empêche la mémoire d’opérer. »

Mémoire et habitude

« L’étude de cas rapportée par Luria nous montre que tout ce qui est intégré rend à quiconque la vie impossible si certaines actions ne s’effectuent pas comme allant de soi, après des répétitions souventes fois réalisées. »

Les études sur la mémoire

« Platon affirme que l’homme ne peut jamais découvrir que ce qui existe, quand bien même il plongerait dans le domaine de la pure abstraction. »

« De cette façon, chaque génération bénéficiera d’un accroissement du capital culturel, groupant des acquisitions d’autant plus élaborées que la génération antérieure aura été déjà sensibilisée à ce genre de connaissances et que la suivante se révèlera plus apte à intégrer ce surcroît de savoir. »

Mémoire et rêve

« Il apparaît dès lors que l’on ne parle que par approximations. Pour confirmer cette assertion, penchons-nous sur le synopsis des quatre évangiles. Nous y verrons se profiler quatre textes qui ont une parenté certaine mais qui rapportent des faits de manière suffisamment différente pour que transparaisse la personnalité sous-jacente de chaque évangéliste. »

II. LA NEUROPHYSIOLOGIE DE LA MÉMOIRE

Mémoire et ordinateur

« Le cerveau fonctionne de toute autre façon. Il procède de manière associative. Les informations sont collectées en corrélation avec des engrammations antérieures. Le déclenchement mémoriel d’un évènement détermine de manière immédiate la résurgence d’un autre fait. »

« L’ordinateur, quant à lui, peut être considéré comme un vaste ensemble fait d’une succession de casiers semblables à ceux qui constituent une bibliothèque. Dans ces circonstances, les références déterminant l’obtention des résultats souhaités sont la conséquence des données initiales. »

« De toute évidence, (l’intelligence) fait appel au matériel mémorisé, mais en aucune manière elle n’est elle-même la mémoire. Cependant elle s’en sert d’autant plus habilement que le sujet exploite intensément ses réseaux nerveux. Il les met à contribution dans une activité spécifique qui jongle avec les rapports qui lient les évènements intégrés les plus divers, les regroupant en leur accordant des connexions de tous ordres analogiques ou symboliques. »

Les processus de la mémorisation langagière

« Il n’y a rien qui ne soit mémorisé dans tout ce qui a trait à la dynamique linguistique. Aussi, pour que le corps accède à la position idéale propre au langage, il mémorise grâce à l’intervention du vestibule les tensions jouant sur les groupes des muscles qui érigent le corps. »

« Pour que la verticalité soit intégrée, il est évident que la position d’équilibre a été mémorisée et maintes fois recherchée par des exercices souvent répétés. »

III. MEMOIRE ET LANGAGE: ACQUISITIONS

« Le cerveau se présente dès lors comme un prodigieux réservoir fait pour engrammer. Mais il reste bien entendu que le corps, en sa totalité, en est un autre, non moins prestigieux, fait pour engranger. »

Les types de mémoire

« Il est vrai qu’on peut évoquer un processus mémoriel pour chacun des organes sensoriels. En effet, il n’est pas rare que l’on reconnaisse une odeur. Le goût laisse également des empreintes dont on peut à volonté raviver le souvenir. Il en est de même du toucher, des pressions. En fait, le corps humain est un fabuleux appareil à mémoire doté de multiples entrées. »

Conclusion

« L’idéal apparaît lorsque l’ensemble des mémorisations n’occulte en rien les connaissances de base mais au contraire les révèle. C’est dans cette direction que le pédagogue devra orienter ses efforts afin que le savoir fondamental resurgisse chez tout élève. C’est également dans cette même optique que le psychologue dirigera son client afin qu’il ne soit pas enserré dans la gangue de ses souvenirs douloureusement engrammés, ou souvent obsessionnellement évoqués. »

« Ainsi, en résumé, peut-on dire que la mémorisation s’inscrit dans toutes les réactions du comportement sur une mémoire de base tempéramentale. »

Revue Française de Yoga, N°11, « La mémoire. », janvier 1995, pp.23-56.

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