La vie de Samuel Hahnemann
Publié le 23 septembre 2003
Après des débuts difficiles, dûs à l’état peu avancé de la médecine de l’époque, mais aussi au souci de soigner ceux qui ont peu de moyens avant tout, Hahnemann découvre l’homéopathie. Ou plutôt, il redécouvre cette thérapeutique dont Aristote faisait déjà mention. Nombre de médecins et apothicaires lancent alors une véritable cabale contre lui, mais échoueront.
« […]
En 1810, Hahnemann publie le premier ouvrage qui expose sa conception des maladies et leur traitement homéopathique. Le livre, « L’organon de l’art de guérir » soulève des critiques et des passions.Deuxième révolution qui elle aussi avait débute aux environs de 1789, l’homéopathie n’a cessé de se diffuser depuis et d’être aujourd’hui encore un sujet d’actualité médicale et scientifique. […]
[Mais d’où vient l’homéopathie?]
[…] Pour subvenir à ses besoins, Samuel Hahnemann fait des traductions de textes anciens.
[…]C’est ainsi, qu’un jour, il doit traduire un ouvrage de Cullen, sur le quinquina du Pérou, remède qu’Hahnemann considérait comme dangereux, mais qui était très utilisé en Espagne et en France. En lisant les propos de Cullen, Hahnemann décide d’expérimenter le quinquina sur lui-même. Il en absorbe de fortes doses et développe des symptômes fébriles identiques à ceux pour lesquels le quinquina était prescrit.
Etonné, il recommence l’expérience plusieurs fois et, à chaque fois, la fièvre intermittente caractéristique apparaît lors de la prise du quinquina, disparaît lorsqu’il cesse la prise du remède. Il se rappelle, à présent, la phrase plusieurs fois lue dans Hippocrate « Les semblables sont guéris par les semblables, ce qui produit la strangurie qui n’est pas, guérit la strangurie qui est ». Ainsi une évidence surgit:
« Pour guérir, il faut administrer au patient un remède qui provoquerait à un sujet bien portant les symptômes dont ce patient souffre! »… Nous sommes en 1789. Cette hypothèse, Flahnemann va la vérifier d’abord pour le quinquina, puis pour de multiples substances.
Cette loi de la nature décrite depuis l’Antiquité prend pour lui la dimension d’un principe thérapeutique qu’il appelle « principe de similitude ». Il poursuit ses observations, étudie, reprend la plupart des remèdes de la pharmacopée de son temps, les expérimente sur lui même et sur quelques amis médecins, passionnés par sa découverte. La précision, l’observation, le souci de l’expérimentation objective, en tenant compte de la totalité de l’être, et la reproduction des résultats sont étonnants pour cette époque. La méthode de ses traitements prend tournure. Hahnemann la nomme « Homéopathie », c’est-à-dire thérapeutique par le semblable.
Des doses souvent très faibles lui suffisent pour obtenir les guérisons qu’il recherche, et après les avoir diluées au dixième, il n’hésite pas à les diluer au centième. Aucune bibliographie ne décrit comment lui est venue l’idée de la succussion, ou dynamisation, qui consiste à agiter une centaine de fois le mélange obtenu après une dilution. Une chose est certaine: sans succussion (fait de secouer, d’agiter), il n’y a pas d’efficacité thérapeutique.
Là aussi, il n’arrête pas d’observer, de prendre des notes, de faire des liens entre les maladies pour un même malade, d’un malade à l’autre, s’intéressant non seulement aux maladies aiguës, mais aussi aux maladies chroniques. Mais il se heurte vite a l’incompréhension de ses confrères officiels.
LES ANNEES DE LUTTE: 1790-1836
Médecins et apothicaires se sont ligués contre lui. Les uns combattent ses idées, les autres sont inquiets, car Hahnemann fabrique lui-même ses remèdes et obtient des guérisons. Plus question de saignées, purges, médications obscures. Hahnemann sait de quoi il parle. II publie « L’organon » en 1810, et obtient le droit de donner des conférences à la faculté de Leipzig. « Il y a des malades, il n’y a pas de maladies » enseigne-t-il. C’en est trop. Les médecins officiels, en particulier Clarus, médecin à la Cour, multiplient les attaques et s’apprêtent à mettre fin à cette nouvelle doctrine
qu’on appelle l’homéopathie. Cette animosité se calme par la force des choses. Hahnemann guérit le prince de Schwarzenberg du typhus qui fait rage. Mais quelques mois plus tard, le prince, à nouveau victime de ses excès, tombe malade. Clarus, conformément à sa thérapeutique, traite le prince par de multiples saignées. Le prince meurt et son décès est publiquement attribué à l’homéopathie. Les faux rapports se multiplient.
Hahnemann est appelé alors auprès du duc d’Ankalt-Koethen, qui lui demande de devenir son médecin particulier, le protégeant ainsi de toutes les tracasseries de Clarus. Mais celui-ci poursuit son but et veut impliquer le maximum de personnages importants dans sa lutte contre l’homéopathie. Il se heurte au discernement de certains, dont deux sont restés célèbres : Corvisart, médecin de Napoléon, n’hésite pas à manifester la très haute estime qu’il a pour l’homéopathie. Goethe prend position pour Hahnemann et le reconnaît « comme un nouveau génie de la médecine ».
Clarus obtient tout de même l’interdiction de l’homéopathie en Autriche, en Hongrie et en Prusse. Une épidémie de choléra survient. Hahnemann, depuis Koethen, arrive à conseiller ses disciples qui exercent un peu partout en Europe. C’est un succès pour l’homéopathie. A Vienne, un de ses anciens compagnons de l’hôpital de la Miséricorde lui rend hommage et prend publiquement position en faveur de l’homéopathie.
Mais ces années de lutte pour l’homéopathie n’ont pas été les seules épreuves de Samuel Hahnemann. De multiples drames ont frappé ses onze enfants: décès accidentels, divorces, disparition à l’étranger, frappent sans relâche la famille au destin peu ordinaire.Sa femme Henriette meurt à Koethen à l’âge de soixante-seize ans.
[…]
C’est alors qu’arrive Mélanie d’Hervilly. Cette jeune femme de trente ans, artiste peintre à Paris, est passionnée de médecine et d’homéopathie, ayant lu les ouvrages d’Hahnemann traduits en français, qui ont de plus en plus de succès auprès des médecins. Elle-même malade, elle décide d’aller à Koethen. Là, les écrits divergent: certains affirment qu’elle n’était pas très malade et que la curiosité de rencontrer cet esprit si nouveau l’a poussée à faire ce long voyage. D’autres la décrivent comme phtisique, languissante et découragée, tentant l’homéopathie en dernier recours, sans grand espoir, sur le conseil de quelques amis bienveillants. Toujours est-il qu’au bout d’un mois de traitement homéopathique à Koethen, Mélanie est guérie et doit poursuivre son voyage vers la Suisse. Mais des liens se sont tissés entre elle et Samuel Hahnemann. Ils décident de se marier et d’aller vivre à Paris.
LES ANNEES A PARIS: 1835-1843
Les connaissances parisiennes de Mélanie Hahnemann, jointes à l’accueil chaleureux des médecins homéopathes en France ont vite aidé Samuel Hahnemann à s’adapter à Paris. Il a le droit d’exercer l’homéopathie malgré un essai d’interdiction de la faculté de médecine.
Les journées sont consacrées aux consultations, aux notes, aux observations, à l’enseignement de ses confrères. Mélanie, son épouse, l’assiste, prend des notes, participe aux soins des malades et l’accompagne dans les visites auprès des patients. […] En 1843, Hahnemann, alors âgé de quatre-vingt-huit ans, n’arrive pas à guérir d’un catharre incessant. Ses forces déclinent. Il s’éteint le premier juillet auprès de son épouse et d’un de ses fidèles disciples.
[…] ”
Revue Française de Yoga, n°3, » De la santé au salut », janvier 1991, pp. 105-114.