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« Le verbe s’est fait chair »

Publié le 16 juillet 2004

Au delà de sa naissance au monde, tout être humain peut naître de l’esprit et devenir enfant de Dieu dès lors qu’il accepte de recevoir le verbe en lui. Grâce au verbe, le fils de Dieu s’unit au fils de l’homme pour que les deux ne forment plus qu’une seule chair.

« […]

Le corps de l’Homme qui met l’Homme en relation avec le cosmos extérieur, et aussi avec son intériorité dont il est le sanctuaire et l’expression de la matière mutante, a toujours été confondu avec la chair. Or l’hébreu n’a pas de mot pour rendre compte du corps. Cette langue dit parfaitement que le corps n’est qu’un cadavre – Goph – tant que l’Homme n’est pas entré en résonance avec son noyau fondateur, sa chair des profondeurs, tant qu’il ne s’est pas retourné vers sa Adamah-Ishah qui en garde le secret. Lorsque l’Homme, dans une montée de désir vers Dieu, à laquelle répond la pénétration de l’Esprit-Saint en lui, entre en résonance avec Basar, son corps et sa chair sont alors intimement liés. La flèche de 1’Eros se désinvestit de ses voies erronées et se retourne vers Dieu. Le corps devient vivant. Les mots Hata en hébreu et Amartia en grec qui signifient le « péché » veulent tous deux dire: «manquer la cible »

Le corps devient vivant et les dettes sont remises à l’Homme qui avait investi les énergies de sa chair à l’étranger: il peut «payer sa dette », vrai sens du mot Shalom – la paix – qui est de devenir son NOM.

Dans l’éclairage de ce mot Basar, lorsque la confession de foi du chrétien l’amène à dire avec l’apôtre jean: « Et le Verbe s’est fait chair », cela ne veut pas seulement dire que Dieu prend un corps d’Homme dans le sein d’une femme, mais que le Fils de Dieu s’unit au « Fils de l’Homme qu’est Bar », le Fils intérieur de tout être vivant, dans la puissance bouleversante de l’Eros, celui de Dieu et celui de l’Homme devenant une seule chair! Marie est cet espace de rencontre. Parce qu’elle a déjà fait croître le Fils de l’Homme dans sa Personne, elle est fécondée par Dieu dans sa chair et conçoit celui qui, de toute éternité, mais en cet instant historique aussi, s’incarne en elle. Le temps éternel et le temps de l’Histoire se confondent en Marie et dans le Christ. En Marie, «Je suis en devenir d’être» est devenu JE suis auquel s’unit dans la personne du Christ-Verbe le JE suis de Dieu. Marie est la Adamah, la Ishah du grand Adam, car devenue UN elle atteint à l’universel. Mais elle est aussi, à elle seule, ce grand Adam et alors Ishah de Dieu. Toute la création était et est encore Ishah « inaccomplie » de Dieu. Mais, en Marie, « tout est accompli ».

Car telle peut être notre contemplation de l’Image: Ishah est à Adam ce que Adam est à Dieu. « Ishah est la gloire de l’Homme, dit l’apôtre Paul, et l’Homme est la gloire de Dieu . »

En Marie s’accomplit la montée messianique enracinée en Abraham et Sarah. Depuis deux mille ans, la sève de l’Arbre de la Connaissance et celle de l’Arbre de vie ont grandi; elles ne font plus qu’un en Marie qui met aux mondes (intérieur et extérieur devenus « UN » eux aussi dans le Christ-Verbe) «son Fils premier-né », dit l’évangéliste Luc. Lorsque le Christ aura historiquement tout accompli des mystères d’Israël et qu’Il entrera dans la gloire de la Résurrection, sur la Croix, Il désignera à Marie son Fils deuxième-né, saint Jean, et à ce Fils, sa mère, Marie; et derrière saint Jean notre oreille du coeur peut entendre nommés tant d’autres Fils qu’ont été et que seront les fils et les filles de l’humanité s’effaçant devant le Fils en eux.

Bien qu’Il soit son Fils dans le monde – mais non selon le monde -, jamais le Christ ne parlera de sa mère comme de sa mère biologique; jamais Il ne l’appellera Ima, mère, mais Ishah, femme, épouse! A ceux de ses disciples qui s’inquiètent de ce que sa mère et ses frères le cherchent, Il répond par cette interrogation: « Qui sont ma mère, et qui sont mes frères? » Puis Il affirme: «Vous êtes ma mère et mes frères », précisant bien à tous ceux qui sont là qu’eux tous et chaque être humain est un Fils de l’Homme en devenir et donc aussi une Ishah qui en
porte le Germe. Autrement dit, tout être humain est appelé à rejouer dans sa Personne ce que Marie a accompli, une maternité essentielle, grandiose, par rapport à laquelle l’humanité d’aujourd’hui est encore stérile, comme l’ont été au début de leur vie les matriarches et bien d’autre femmes de la Bible, symboles de Ishah.

Cela veut dire aussi que le seul hiatus réel entre tout être humain et le Fils de l’Homme est le potentiel d’accomplissement à réaliser et qu’il peut réaliser malgré l’état d’exil collectif puisque, transperçant cet état au cœur du peuple juif, au sein de la tribu de Judas, dans la famille de David, dans la sainteté d’Anne et Joachim, sublimée en Marie, « Dieu s’est fait Homme pour que l’Homme deviennent Dieu »

[…]  »

Les chemins du corps
pp. 157-164

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