Le Monde du Yoga

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L’énergétique des sons : à l’écoute des mantra

par Pr. Alfred Tomatis | Publié le 30 septembre 2003

C’est la réception des sons par le système nerveux qui génère de l’énergie. Le corps réagit donc aux sons qu’il entend, et une mauvaise oreille est facteur de réaction moindre : la conséquence en est qu’une énergie moindre est générée, ce qui est regrettable. Les sons sacrés, dans cette logique, ont pour but d’éveiller le corps à la verticalité, ou de l’y soutenir.

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Les acousticiens purs qui examinent la composition et la transmission des sons constatent qu’il n’y a pratiquement pas d’énergie dans un son, ou qu’elle n’est pas mesurable parce que trop infime. Ils disent systématiquement qu’un son est « a-diabatique », littéralement « qui ne dégage pas de chaleur ». Or ce n’est pas un test suffisant pour penser qu’un son ne donne pas d’énergie, d’autant que maintenant on accède à des énergies infimes qui montrent l’existence d’autres niveaux sur lesquels on peut agir. Un son, pris à un certain moment, provoque un ébranlement qui se propage et dont l’échelle n’est pas considérée comme facile à examiner puisqu’un son de cent décibels (dix fois le bruit du train qui entre en gare) provoque un déplacement de la taille d’une molécule d’hydrogène: cela donne une idée de la difficulté d’appréhender un son. Cependant, depuis une trentaine d’années nous avons la chance de pouvoir décomposer les sons, de les voir dans la réalité, puisqu’il existe des appareils qui permettent d’en faire l’analyse, de les regarder, preuve que s’il n’y avait aucune énergie, il ne se produirait rien, on ne pourrait rien capter ni projeter. Ces analyseurs nous permettent, à un moment donné dans le temps, de voir se dérouler les sons et de les décomposer en intensité et en fréquences. Ces appareils deviennent de plus en plus sophistiqués grâce aux ordinateurs. Alors que l’on mettait jadis quelques heures pour faire une photo, quelques secondes suffisent maintenant; c’est un peu plus long que le temps réel, mais cela représente une approche assez considérable.

Si le son a une action, il ne peut l’avoir que sur le système nerveux; ce n’est pas trop démystifier la valeur du son, que de penser que le système nerveux, à un moment donné, est mis en « branle » par les sons que l’énergie va se créer. Ce n’est pas le son lui-même qui va déterminer l’énergie potentielle du sujet elle est potentielle chez lui; et il va permettre de l’exploiter. Dès l’instant où l’oreille touchera le corps et en fonction de l’acceptation du son par celui-ci, on arrivera à générer des énergies considérables. C’est bien sûr l’oreille qui va capter le son. C’est évident en première approche, mais dès que l’on va mieux connaître l’oreille, on va comprendre qu’elle n’est pas seule à générer et capter le son. Elle va le capter en libérant tout ce qui appartient à l’oreille, que l’on connaît mal, et qui est la peau. La peau est un morceau d’oreille différencié. Un oeil a une rétine, celle-ci a une partie centrale: la « macula », qui va jouer comme la partie sensible de toute la rétine. Et bien, l’homme est une oreille en totalité avec une peau intégrale dont la partie centrale est la « cochlée ». La macula de l’être, de chaque oreille, est la cochlée.

Déjà, grâce à l’injection d’un son dans l’espace, qui va toucher l’oreille et préparer le corps à l’écouter, on a une dynamique qui s’installe, et on comprend alors que certains sons aient une action favorable alors que d’autres ont des effets nocifs. On ne se rend pas compte combien les sons sont dangereux. Un son mal fait est dommageable, un mantra mal reproduit, mal intégré, est extrêmement périlleux. Les sons causent actuellement les plus grands dommages que nous connaissons dans la pathologie du stress. Le son peut provoquer des troubles considérables. Il est intéressant de se préoccuper aussi de sa pathologie, sans lui accorder uniquement une valeur bénéfique comme on peut le faire quant on va le chercher dans les pratiques du yoga et des mantra. On voit énormément de personnes détruites par les sons parce qu’elles ne savent pas s’en servir. Certaines les font passer trop fort grâce à tout ce qui s’entend aujourd’hui, depuis les discothèques jusqu’au walkman en permanence sur la tête. Déjà un tiers des jeunes qui se présentent au conseil de révision sont sourds, avec des lésions lourdes dans les aigus, absolument irrécupérables. C’est une surdité qui a détruit l’oreille interne, ce qui signifie que plus jamais ils ne pourront générer une énergie suffisante. Or, ne pas générer d’énergie signifie que la conscience s’éteint, que la mémoire peine, qu’il sera difficile d’acquérir une posture correcte. Le sujet sera toujours fatigué, fatigable, il aura constamment l’impression de « peser trois tonnes ». Car la sensation d’allègement que nous avons est liée au son et à l’image qu’il nous donne de nous-mêmes. Donc, l’intégrité de l’oreille interne est absolument considérable et indispensable.

Le son lui-même va agir sur l’oreille et sur les deux appareils que l’on repère dans l’oreille par une observation en profondeur et qui vont déterminer immédiatement une attitude. Un son est de grande qualité quand il nous donne une attitude correspondante. Le fait d’émettre un son, pour celui qui l’émet, c’est déjà jouer du corps de l’autre, jouer de son système nerveux, jouer de toute sa pénétration, jouer d’une attitude d’acceptation ou de refus. A l’inverse, l’autisme représente le refus total d’écoute: l’attitude n’est plus la même, il n’y a plus d’ouverture, elle est bloquée, de plus en plus fermée, en position courbée; il n’y a plus de dynamique réelle du sujet vers l’acquisition de sa verticalité. Pour qu’un son soit bon, il faut qu’il soit très riche en fréquences élevées. Dès l’instant où l’énergie est portée dans les niveaux élevés, le sujet cherche spontanément sa verticalité. La signature des sons sacrés est précisément dans cette recherche des sons aigus, qui exigent, pour les percevoir, que le sujet ait trouvé sa verticalité parfaite. Cela signifie aussi qu’il faut éviter l’excès de sons graves, car immédiatement une déstructuration se produit, avec une grosse difficulté pour atteindre les plans recherchés dans les états spirituels.
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LA TRANSMISSION DU SON

Il y a une énergie qui passe dans les sons. Elle est infime, elle est certaine, elle est à l’échelle moléculaire. On peut en parler maintenant avec d’autant plus de facilité qu’on peut descendre à des grandeurs au-dessous de la molécule, aller dans le noyau, au-dessous du noyau, aller dans toutes les particules: le son est aujourd’hui un géant par rapport à ce phénomène d’énergie. On sait que pour qu’un cerveau fonctionne bien, qu’il soit en pleine activité, il lui faut trois milliards de stimulations par seconde, pendant au moins quatre heures et demie par jour. Il y a bien à un moment donné une sorte d’émission considérable qui fait que par la peau, par l’oreille et par la présentation que l’oreille nous oblige à faire de notre corps on a une transmission d’énergie et une sollicitation.
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Le son a un effet, mais encore faut-il pouvoir l’intégrer. S’il touche un microphone ou une oreille qui fonctionnent mal, il aura des difficultés à pénétrer et provoquera sûrement des dommages. Ainsi, lorsqu’un sujet rencontre un « maître » qui lui a fait payer très cher un mantra qu’il a glissé dans ses oreilles et qu’il essaie de répéter, s’il n’est pas capable d’intégrer à la perfection le mantra, celui-ci le détruira car il va accentuer ses défauts. Il faut avoir une oreille parfaite, à la suite d’exercices de purification, atteindre un certain niveau pour avoir la chance de prononcer correctement un mantra.

Un sujet qui possède une oreille parfaite peut entendre n’importe quel son de voix, n’importe quelle musique: il va l’aimer, la reproduire avec justesse et beauté. Il est apte à bénéficier d’une énergie que le son lui a apportée mais qu’il peut reconduire, qui va faire que son instrument corporel, son corps, devient capable de reproduire ce son avec facilité, avec possibilité de charge. En revanche, pour peu qu’il ait déjà une oreille défaillante, il aimera la musique, mais il la reproduira de manière fausse, quoique avec qualité. Or quand la voix de quelqu’un détonne, son discours devient contrasté et il ne se tient plus de la même façon. Il y a dans la région de son coeur -dans anâhata- quelque chose qui ne fonctionne pas. Quelqu’un qui apprécie la musique et la reproduit nette, juste, mais de mauvaise qualité, sera toujours voussuré. Sa verticalité ne sera pas atteinte et les sons qu’il émettra seront donc sans grande efficacité pour lui. Quelqu’un qui aime la musique, qui la reproduit fausse et laide, ne comprend même pas l’intérêt d’émettre des sons.
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Revue Française de Yoga, n°15, « L’énergie en question », janvier 1997, pp. 167-184.

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