L’esprit en l’homme créé de rien
Publié le 14 mai 2004
Afin de réaliser la promesse de l’homme créé à l’image de Dieu, la puissance de l’Esprit est donnée à l’homme, en même temps que lui est donné le Fils, qui est le verbe de Dieu. L’Esprit et le Fils sont offerts à l’Homme afin qu’il fasse croître la semence, et qu’il réalise ainsi la promesse de la créature à l’image de Dieu, en devenant un Fils totalement accompli.
» […]
Dieu crée toute chose de son NOM-semence, Rien !
Cette notion de « semence » fondatrice de l’image divine en laquelle l’Adam est créé, si contestée par les théologiens, est pourtant révélée dans le livre de la Genèse lorsque, s’adressant au serpent (Gn 3,15), Dieu dit : « Une opposition je pose entre toi et Ishah, entre ta semence et sa semence; toi, tu lui écrases le talon; elle (la semence de Ishah) t’écrase la tête. »
Le Golgota, matrice du crâne en laquelle le Christ écrase la tête du Satan diabolique, est coexistant au drame de l’exil (appelé vulgairement la « chute »). Le Christ est semence de Ishah. Il est le NOM. Parlant de Lui-même au cours de sa vie publique, Jésus l’ affirme: «Avant qu’Abraham fut, Je SUIS» (Jean 8,58). «Je SUIS» est le Saint NOM Yod-Hé-Waw-Hé, présent du verbe être, semence de Ishah.
Ishah dans le mythe biblique est le féminin intérieur que Dieu fait découvrir à l’Adam, son autre « côté» qui n’a jamais été une côte d’où aurait été créée la femme. L’Adam créé mâle et femelle au sixième jour de la Genèse, en son état premier, antérieur à l’exil, n’est pas encore homme et femme au sens où nous l’entendons aujourd’hui en situation d’exil. Le substantif «mâle », Zakor en hébreu, est le verbe «se souvenir» ; est mâle tout Adam, tout être humain, qui se souvient de son pôle femelle. Nqébah, en hébreu, la «femelle» est un « trou » sans fond, un abîme, un cosmos intérieur infini, chargé de poussières d’énergies semblables à des étoiles qui n’auraient pas encore donné leur lumière, mais qui sont appelées à la donner si l’Adam intègre leur potentiel.
Ces deux pôles, mâle et femelle, sont pour l’hébreu, les deux côtés de l’Adam, côtés dits «accompli et pas-encore-accompli », mais en voie de l’être ; cet accomplissement de l’Adam est tout entier programmé dans l’image divine fondatrice, la « semence» que l’Adam a pour vocation de faire croître. Ces deux côtés font encore aujourd’hui l’objet même de la forme grammaticale du verbe hébreu. Dès l’origine, «accompli » et «pas encore accompli» sont les deux pôles de l’arbre de la Connaissance planté en l’Adam au cour du jardin d’Éden, et dont l’Adam est appelé à devenir le fruit; le fruit sera YHWH, Je SUIS. Tout Adam, au départ, est un «Je suis en devenir» lancé dans le créé depuis « l’image jusqu’à la ressemblance », dans une glorieuse dynamique de vie. […] »
Revue Française de Yoga, n°29, « De la relation corps-esprit » , janvier 2004, pp. 127-132