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L’homéopathie : une tradition révolutionnaire

par Bernard Poitevin | Publié le 23 septembre 2003

La sémiologie, ou étude des symptômes présentés par un malade, est à la base de tout traitement homéopathique. L’idée directrice de cette science est que l’on peut soigner la maladie par la maladie. La non-toxicité des médicaments est alors assurée par leur dilution. Suit un processus de dynamisation, afin qu’ils fassent effet malgré leur faible teneur.

« […]
I- LA GENESE DE L’HOMEOPATHIE

L’homéopathie est née à la fin du XVllI° siècle, époque où la médecine dominante était plus proche de celle de Molière que de la médecine actuelle. Elle est née de l’insatisfaction et de la quête d’un médecin et pharmacologue allemand, Samuel Hahnemann, né en 1758 à Meissen. Sa démarche principale était simple et claire: il voulait mieux comprendre comment agissent les médicaments afin de mieux les utiliser.

Après avoir passé sa thèse de médecine en 1779, il exerça la médecine tout en continuant à approfondir de façon critique les connaissances médicales et pharmacologiques de son époque. Son doute, puis sa déception furent telles que, dès 1789, il abandonna la pratique médicale et se consacra uniquement à des traductions de textes scientifiques et médicaux.

Parmi ses traductions, figure celle d’une matière médicale de William Cullen, parue en 1789. Hahnemann remarque, dans le chapitre que cet auteur consacre à l’écorce de quinquina, des incohérences relatives à un hypothétique mode d’action de cette écorce qui aurait des « effets toniques sur l’estomac ».

Hahnemann annote cette matière médicale et écrit précisément qu’après avoir absorbé du quinquina, il vit apparaître des symptômes typiques de la fièvre intermittente pour laquelle le quinquina était utilisé. Il fournit donc son explication de l’action du quinquina : « l’écorce péruvienne, qui est utilisée comme remède contre la fièvre intermittente, agit parce qu’elle peut produire des symptômes similaires à ceux de la fièvre intermittente chez l’homme sain ».

Dans la lignée d’un médecin de l’école hippocratique qui avait écrit « les mêmes doses qui ont causé le mal, les guérissent », Hahnemann venait d’exprimer l’idée que le pouvoir thérapeutique d’un médicament serait relié à son pouvoir toxique: un médicament pourrait guérir chez l’homme malade des symptômes semblables à ceux qu’il provoque chez l’homme sain. Pierre angulaire de l’homéopathie, le principe de similitude était énoncé.
[…]

Dans ce texte, Hahnemann souligne la nécessité d’expérimenter les médicaments chez des individus sains, pour connaître réellement leurs effets. […]

Toute sa vie, il continuera à effectuer des expérimentations médicamenteuses sur l’homme sain, expérimentations appelées « pathogénésies », et avec ses collaborateurs, il traitera de nombreux malades à l’aide des médicaments possédant dans leur matière médicale les symptômes semblables à ceux présentés par le patient.

Et c’est lors de cette démarche rigoureuse et patiente, qu’Hahnemann observa qu’il lui fallait modifier les doses habituellement employées en thérapeutique, et qu’il fallait chercher « la dose la plus exiguë susceptible de guérir le malade sans provoquer d’effet toxique ». Soucieux du « Primum non nocere », il inscrivait ainsi l’homéopathie dans son cadre actuel d’une thérapeutique efficace et non toxique.

Les deux principes de base fondamentaux de l’homéopathie, « le principe de similitude » et « I’ utilisation de doses dites infinitésimales », étant conçus et opérationnels, la démarche d’Hahnemann s’est proIongée, avec Hahnemann lui- même, ses contemporains et ses successeurs, par une approche plus conceptuelle concernant la nécessité d’avoir une vision globale des symptômes et du malade lui-même, et de bien comprendre la succession des différentes pathologies dans le temps. Le troisième aspect majeur de l’homéopathie, « thérapeutique de terrain », était né.
[…]

Le terrain en homéopathie exprime la réaction de l’individu face aux agressions de l’environnement. Il est le résultat d’une constitution génétique de départ, mas aussi de toute l’histoire biologique du sujet, de l’histoire de son système immunitaire, de ses divers métabolismes. Le terrain est un ensemble diffus, non localisé précisément, et les homéopathes l’appréhendent à travers l’expression réactionnelle du malade. Cette notion de terrain en homéopathie est parfaitement compatible d’une part avec les notions récentes d’immunogénétique et de physiopathologie générale, d’autre part avec le développement des connaissances psychosomatiques.

Globalement, sous l’angle de la pratique médicale, l’homéopathie peut être considérée comme une thérapeutique de la personne humaine intégrée dans son environnement, respectée dans ses caractéristiques psychologiques et physiologiques, traitée par des médicaments adaptés à sa spécificité réactionnelle, ceci dans des conditions de non-toxicité thérapeutique.

C’est précisément la méthode pharmaceutique de fabrication des médicaments à usage homéopathique qui assure cette non-toxicité. Après une identification précise de leurs composants, qui intègre l’homéopathie à part entière dans la pharmacologie, les médicaments homéopathiques sont dilués et dynamisés. Ceci signifie qu’ils sont dilués progressivement, le plus souvent au centième, le chiffre marqué sur le tube ou la dose correspondant à la dilution. Ainsi Pulsatilla 15 CH (Centésimale Hahnemannienne) correspond à quinze dilutions successives au centième de la teinture mère de l’anémone pulsatille. Entre chaque dilution le mélange produit-solvant est vigoureusement agité, ce qui correspond au processus de « dynamisation ». Nous arrivons ici au problème central concernant l’activité du médicament homéopathique.

Dans certaines dilutions, par exemple Pulsatilla 15 CH, il n’y a théoriquement plus de présence moléculaire susceptible d’expliquer l’action pharmacologique médicalement observée. C’est à la recherche en homéopathie qu’il appartient de répondre à cette épineuse question.
[…] ”

Revue Française de Yoga, n°3, « De la santé au salut », pp. 115-128.

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