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Rotations et circumductions

Publié le 08 août 2005

L’acte de tourner autour de l’axe de la colonne vertébrale permet de développer des postures asymétriques et d’apprendre à bien se tenir. Une même posture peut avoir des effets différents, ce qui exige une certaine connaissance de son anatomie.

Une « rotation » est l’action de tourner ; c’est le mouvement du corps autour d’un axe fixe, matériel ou non. Une toupie tourne autour d’un axe, mais cette image ne convient pas à la notion de rotation pour les postures de Yoga. La rotation de la colonne vertébrale suppose qu’une extrémité étant fixe, l’autre extrémité change de plan ; s’il en était autrement, l’ensemble pivoterait complètement sans aucun travail efficace. Une seconde condition est nécessaire : allonger au maximum l’axe vertébral avant de songer à tourner.

Les mouvements les plus utilisés dans la vie courante consistent, une fois allongé, à se mettre debout, à s’asseoir et inversement. Assis ou debout, on se tient souvent fort mal : le poids du corps est sur une jambe ; assis, on s’appuie plus sur une hanche, le corps est tassé ou tordu. Lorsque des douleurs apparaissent, elles se manifestent le plus souvent d’un côté : mal au foie, à un rein, à une hanche ; une douleur intercostale peut apparaître ou un point dans le dos, etc.

Pour intervenir de façon efficace, il faut utiliser les postures asymétriques, l’action spécifique étant plus profonde. De plus, la fatigue en général voûte le corps, la tête tombe, les épaules viennent en avant ; la pesanteur provoque l’affaissement du buste sur lui-même.

Il est impossible de pratiquer une rotation dans ces conditions, en tant que première posture d’une série. Il est nécessaire d’échauffer les muscles et les articulations pour aplatir les courbures trop accentuées ; en tournant sur des vertèbres lombaires en lordose, on risque de pincer un disque. Une posture ne doit jamais être séparée d’un ensemble. Si certaines personnes ont pu croire à la magie d’un seul âsana (la posture sur la tête, par exemple), les pratiquants expérimentés envisagent leur entraînement comme un tout ; ils déplacent la colonne vertébrale dans les cinq sens possibles de façon dynamique et statique, en y associant la respiration profonde.

Le but recherché est précis : pouvoir demeurer en position assise, dos droit, pendant un certain temps sans souffrir du dos ou des genoux.

Les rotations peuvent se pratiquer – debout – debout, buste fléchi en avant – assis – allongé – en posture inversée : chandelle, sur la tête de façon dynamique ou statique.

Dans ce texte, nous étudierons la rotation assise en utilisant le même socle au cours des diverses variations proposées.

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LA ROTATION

Assis, la jambe droite est amenée vers le bassin, la jambe gauche fléchie est placée en avant, les pieds sont dissimulés sous les cuisses : c’est le « Tailleur » à gauche.

Notre proposition est la suivante : une posture permet d’obtenir des effets différents suivant la façon dont est placée l’attention qui guide le mouvement, c’est-à-dire en fonction du schéma que l’on a dans l’esprit. Le socle du « Tailleur » permet d’isoler le travail des obliques, des petits dentelés inférieurs ou des grands dorsaux, entre autres. En les faisant se contracter délibérément, lentement, on maîtrise les plaques musculaires qui habillent le squelette. Cette forme d’auto-anatomie enrichit les sensations proprioceptives ; en se connaissant mieux, on s’utilise mieux.

La rotation est pratiquée de façon dynamique et toujours en expirant.

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GENERALITES

La musculature du dos comprend un plan superficiel et un plan profond. Dissimulés par les trapèzes, les grands dorsaux et les grands dentelés, existent en-dessous un système longitudinal et un système oblique. Le système longitudinal maintient la colonne en extension, le système oblique permet la rotation des vertèbres l’une au-dessus de l’autre grâce à des muscles courts. Né d’une apophyse transverse, un muscle court rejoint une apophyse épineuse située au-dessus, il enjambe parfois une ou deux vertèbres pour s’accrocher plus haut.

Pour comprendre ce principe de rotation, pincez un stylo exactement en son milieu, la pointe dirigée en avant, tirez sur l’agrafe située à gauche et en arrière, la pointe tourne à droite. Lorsque les petits muscles disposés en biais d’une vertèbre à l’autre se contractent du côté gauche, le relief de l’apophyse épineuse supérieure tourne également à gauche, et le corps vertébral à droite. Les muscles qui font partie du système oblique, stimulés d’un seul côté, sont rotateurs. L’ennui réside dans le fait qu’on ne les sent pratiquement pas. Stimulés des deux côtés, ils sont extenseurs. Il est donc important d’entretenir leur tonus pour qu’ils participent à la statique de la colonne vertébrale.

Le grand maître, Sri Krishnamacharya, vers la fin de sa vie, ne donnait que des leçons particulières. L’enseignement était donc parfaitement adapté aux moyens et aux besoins de l’élève. T.K.V. Desikachar, son fils, au cours de nombreux stages en Amérique, en Angleterre, en France, a accepté d’animer des groupes. Il a, de ce fait, développé des aspects précis dans la pratique des âsana, mais également donné des conseils plus généraux et plus théoriques. Par exemple, il a insisté pour qu’une recherche personnelle maintienne un esprit d’éveil. Les six variations sur un même socle sont présentées en application de cette notion de « découverte ».

CIRCUMDUCTION

La définition de la circumduction est très proche de celle donnée pour la rotation : « mouvement de rotation autour d’un axe ou d’un point ». Outre les rotations classiques, les articulations permettent des déplacements de plus ou moins grand rayon et il est amusant d’en faire l’inventaire, ce sont des « circumductions ».

On commence par le socle naturel du corps : les deux pieds.

1 – Un orteil

S’il ne peut se déplacer par lui-même, il est mobilisable par les mains. En prenant le gros orteil, on le fait tourner doucement, déliant muscles et tendons, jusqu’à ce qu’une douce

chaleur révèle l’efficacité de cette action. Lorsque les cinq orteils ont été manipulés, la comparaison avec l’autre pied est très significative.

2 – La cheville

Allongé sur le dos, jambe gauche levée, en détente, rotation du pied dans un sens, puis dans l’autre jusqu’à lassitude. Cette action est très recommandée dans le cas de jambes lourdes, de varices, d’oedèmes.

L’autre jambe ensuite.

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Revue Française de Yoga, n° 8, « Postures de rotation », juillet 1993, pp. 31-46

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