Le Monde du Yoga

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Un auteur et son oeuvre : Ella Maillart (1903-1997)

Publié le 18 septembre 2003

Ella Maillard découvre avec enthousiasme en Inde des gens qui vivent réellement selon une échelle de valeurs qu’elle connaît, par sa culture chrétienne, mais dont la pratique quotidienne lui semble alors incertaine. A l’enseignement de Teilhard de Chardin s’ajoute donc celui de Ramana Maharshi, qui lui apporte un certain nombre de réponses auparavant manquantes.

« Ella MAILLART est née à GENÈVE, de père suisse et de mère danoise. De santé fragile, elle se fortifie par la pratique de la navigation à voile et du ski, deux sports dans lesquels elle s’illustrera en compétition internationale.

[…] ELLA sillonne avec son voilier non seulement la Méditerranée mais encore les rives brumeuses de l’Atlantique où elle gagne sa vie en s’engageant sur des voiliers de plaisance.

Mais le rêve d’une vie sauvage dans les îles du Pacifique Sud ne se réalise
pas: en 1931 le destin permet à ELLA d’aller passer 6 mois en U.R.S.S. ELLA
connaît le russe et elle rapporte de ce premier voyage aux portes de l’ASIE un document bouleversant qu’elle intitule « Parmi la jeunesse russe » (FASQUELLE, 1932), elle rapporte surtout l’envie de continuer, d’aller toujours plus loin au coeur de cette Asie centrale… […]

A partir de 1932, ELLA multiplie ses voyages en ASIE centrale:
– 1932 : 6 mois dans le TURKESTAN russe,
– 1934 : 3 mois en Mandchourie pour le « Petit Parisien »,
– 1935 : 8 mois à PÉKIN,
– 1937-1939 : Afghanistan, Baloutchistan. Films couleur.

« Des Monts célestes aux Sables rouges » raconte la première partie de sa traversée de l’Asie ; la seconde partie, de PÉKIN au Cachemire, est relatée dans « Oasis interdites ».
[…]
La déclaration de la guerre oblige ELLA â s’orienter vers l’INDE DU sud où elle demeure de 1940 à 1945.
Au cours de cette longue période ELLA s’initie au VEDANTA auprès de SURI RAMANA MAHARSHI à TIRUVANNAMALAI, au pied de la montagne sacrée ARUNACHALA.
La guerre terminée, ELLA reprend ses voyages:
– 1951 : le, séjour au NEPAL, puis dès 1957 elle organise des voyages de
groupes en ASIE.
Depuis 1948, Ella MAILLART passe 6 mois par année dans un chalet des
Alpes Valaisanes, à 2 000 m d’altitude à CHANDOLIN.
[…]

UN LONG VOYAGE VERS ARUNACHALA

J.B. Pourquoi êtes-vous attirée par l’Inde ?

E. M. depuis 1939 j’ai vécu 6 ans en INDE… j’y retourne régulièrement car j’ai besoin de rencontrer des hommes ou des femmes qui vous donnent la certitude que la vie spirituelle EXISTE… l’INDE m’a aidée à mieux comprendre ce que j’avais très vaguement appris pendant mon instruction religieuse.

J.B. Que voulez-vous dire par là?

E.M. La grande leçon de l’INDE, c’est d’apprendre à mettre les problèmes à leur vraie place, à découvrir une échelle de valeurs où l’essentiel demeure la vie spirituelle… tout cela, bien sûr, le Christianisme le DIT, seulement là-bas, on rencontre une grande proportion de gens qui le VIVENT.

Finalement, chacun doit retrouver pour soi, à travers d’énormes difficultés et souffrances, les vérités éternelles qu’on a, un jour, apprises enfant, et qu’on a souvent rejetées, une fois devenu adulte.

J. B. Comment retrouver cet essentiel oublié?

E.M. Quatre fois, je suis partie pour l’Asie centrale: Turkestan chinois, Himalaya, Tibet… mais chaque fois c’était mon propre mécontentement que je trouvais là-bas et qui colorait ce que je voyais. Lorsque vous portez des lunettes vertes tout ce que vous voyez est coloré en vert!

Poussée par les événements, je gagnai l’INDE DU SUD en 1940 et j’y découvris ce qu’il me fallait et ce que je n’aurais pas su nommer avant de l’avoir approché.

J.B. Avez-vous été initiée à une méthode de Vie Spirituelle, à un type de YOGA?

E.M. Là-bas, pendant quelques années, j’ai vécu dans la stabilité d’un groupe traditionnel.

Fondé sur un concept métaphysique de l’univers, il pourvoit aux besoins physiques, intellectuels et spirituels de l’homme. Chaque besoin a son degré d’importance bien établi : reliées aux lois éternelles du coeur et de la nature, la vie intérieure et la vie extérieure forment un tout.

VIVRE EN PRESENCE DE RAMANA AU PIED DE LA MONTAGNE ARUNACHALA

Un long silence… pendant lequel nous contemplons ensemble la photo de RAMANA… et je comprend peu à peu que j’ai posé une mauvaise question, une question d’occidental qui cherche un enseignement structuré et complet alors que le SAGE de l’Inde lui dit, comme JÉSUS à ses premiers disciples: « Venez et voyez » (JEAN 1: 39).

J.B. Au pied de la Montagne Sacrée ARUNACHALA, avez-vous trouvé le sens ultime de vos longs voyages ?

E.M. : J’étais sportive, je cherchais la maîtrise de mon corps sur le plan sportif. RAMANA m’a fait comprendre que je cherchais quelque chose de sans valeur. Sachez d’abord Qui vous ÊTES.

Il n’y a rien à chercher, mais à écarter les idées fausses.

Il n’y a pas de technique à acquérir. La réponse est là: à chaque instant différencier le Réel et l’irréel.
[…]
UN YOGA DU VOYAGE?

J.B. : Vous êtes partie à la recherche de la Réalité… L’avez-vous finalement trouvée auprès de RAMANA MAHARSHI et des autres SAGES que vous avez eu le bonheur de connaître?

(Notre regard se tourne vers la photo de NISARGADATTA MAHARAJ très
malade et que ELLA a pu revoir à BOMBAY et qui a dit: « si je m’identifiais à mon corps, il pousserait de tels cris que toute la rue en serait affolée ! »)

ELLA : Ils disent tous la même chose: la seule méthode possible est de renforcer l’état de témoin, ne pas s’identifier à nos joies, ne pas s’identifier à nos peines.

Mes voyages furent importants dans la mesure où ils me rapprochèrent de mon vrai centre. Lentement ils me menèrent à ce qui compte le plus. Le voyage intérieur est le seul réel. J’ai fini par me trouver. Ce qui revient à dire que j’ai tenté de me débarrasser de mon MOI, fatigant, autant qu’encombrant.
[…]”

Les carnets du yoga, n°34, décembre 1981, pp. 2-15.

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